Audio d’un cours privé avec mon ami Claude :
Voir aussi comment exécuter la Technique ésotérique de bris de la négativité (KI-BARAÏ) en cliquant ici…
LE KIAÏ VIVANT
Extrait de mon livre « Ki, Le Chemin de l’Éveil » (section X11.1 [pages 250 à 252]).
Parmi les diverses techniques de diffusion du Ki souvent utilisées dans les pratiques ésotériques orientales, le Kiaï,[1] associé généralement aux arts martiaux, est sans doute l’une des plus surprenantes. Généralement présenté sous la forme d’un cri déchirant, le Kiaï bien exécuté permet de stopper sur-le-champ une attaque physique.
De fait, il s’agit d’une puissante diffusion de Ki ayant pour résultat de rompre la coordination de l’adversaire. Lors de l’attaque, l’esprit ou l’attention de l’adversaire est alors dirigé dans une autre direction. Suivant le principe que l’esprit meut le corps, il en résulte la déviation, ou l’arrêt momentané, sinon définitif, de ce que l’adversaire était en train de faire, c’est-à-dire d’essayer d’atteindre d’un Atémi, Nage, sa cible.
L’utilisation du Kiaï n’est cependant pas limitée à des situations martiales ou conflictuelles, loin de là. Il peut aussi être utilisé pour soigner, pour aider une autre personne ou soi-même à se concentrer ou à se tirer d’un mauvais pas.
Pour réussir le Kiaï, nous devons demeurer coordonnés en gardant à l’esprit des intentions pures et la volonté d’aider, par amour et protection pour toute chose de la création, et non de détruire ou de dominer. Produire l’harmonie est le seul objectif de cette technique. Le Kiaï pour aider les autres est exactement le même que celui utilisé en situation de combat. C’est le « Kiaï vivant ».
D’un point de vue exotérique, le Kiaï a été rendu célèbre par les films d’arts martiaux où les acteurs tentent de projeter leur voix avec fureur, à la manière d’animaux féroces. C’est aussi le cas pour un grand nombre d’écoles d’arts martiaux. Sans coordination, une telle manœuvre aura un impact que sur des gens facilement influençables ou vraiment dérangés par une situation donnée.
Par contre, un tel cri n’aura aucun impact sur une personne en état de coordination corps – esprit. Il s’agira d’une dépense inutile d’énergie rendant vulnérable la personne qui l’émet au lieu de l’aider à rétablir l’harmonie.
En effet, un cri véhément et soudain implique une inspiration immédiatement après, ce qui rend la personne impuissante durant une brève période. C’est pourquoi un adversaire est généralement vaincu en combat au moment où il inspire, car il est alors plus vulnérable.
Ainsi, il s’avère difficile de déceler une ouverture d’attaque si l’adversaire demeure calme, serein et centré.
Le Kiaï est associé à l’expiration. Lorsqu’une personne déplace un objet « lourd » en expirant l’air de ses poumons, elle jouit d’une aisance et d’une efficacité physique supérieures à celles ressenties en s’exécutant au moment de l’inspiration. Le Kiaï est une expression de la force intérieure d’un individu, de sa volonté.
L’émission du Kiaï permet donc d’accroitre radicalement la puissance d’une attaque, d’un effort physique ou d’une défense. De tels résultats s’obtiennent parce que le Kiaï accroit soudainement la profondeur de coordination corps – esprit de la personne qui l’émet.
Lorsque bien exécuté, le Kiaï vide les poumons de leur air, complètement et en un éclair ! Suivant un processus de vacuum, le vide produit par l’émission du Kiaï remplit les poumons d’air instantanément. Cela signifie qu’il n’y a pas de délai perceptible pour que le pratiquant puisse consciemment reprendre son souffle.
De fait, une personne peut expirer au son de haaa…, comme dans l’exercice de respiration avec Ki, immédiatement après l’émission du Kiaï. C’est d’ailleurs une expérience à réaliser par soi-même pour vérifier l’exécution correcte du Kiaï.
Pour exécuter le Kiaï, une personne doit d’abord se coordonner en focalisant l’attention au centre situé dans le bas-ventre. Ensuite, elle diffuse le Ki intensément vers l’avant, à l’infini, comme au début de l’exercice de respiration avec Ki (voir section XI.4 : « Techniques respiratoires avec Ki » [p. 240]).
Le son du Kiaï est évidemment produit par les cordes vocales, mais le souffle les activant provient du bas-ventre.
Le Kiaï est le véhicule physique qui se joint au mouvement de Ki le précédant. Dans l’émission du Kiaï, tout l’être est mis à contribution. C’est la coordination corps – esprit qui nous rend capables de produire un tel mouvement d’énergie.
D’une profonde sérénité, le souffle se transmute entièrement à partir du centre, c’est-à-dire du Kikaï-tanden. Le mouvement rapide et accéléré est créé par le son « i Y é Y » perçant. Puis s’enchaine progressivement le son « i i i… » pénétrant comme une flèche et diminuant infiniment jusqu’au plus grand calme.
Le Kiaï peut se visualiser comme suit :
En émettant le Kiaï devant un mur, nous pouvons vérifier par nous-mêmes l’exécution correcte de l’exercice. Le Kiaï, pénétrant toute structure, nous donnera la sensation que le son est absorbé par le mur, plutôt que réverbéré. Lorsque le Kiaï est bien exécuté, aucune tension physique n’est ressentie au niveau de la gorge même s’il est exécuté à répétition. Le Kiaï assainit l’union du corps et de l’esprit en un clin d’œil.
Le Kiaï peut, par ailleurs, être exécuté silencieusement et produire le même effet. Lorsque silencieux, le Kiaï s’appelle Kensei. Kiaï est un mot japonais signifiant « joindre avec le Ki ». Il implique donc une forte diffusion de Ki, et c’est pourquoi il peut se réaliser silencieusement.
Ainsi, nous pouvons appliquer le « Kiaï vivant » en parlant calmement. C’est en diffusant fortement le Ki avant de le faire que nous pourrons obtenir l’attention désirée de la part de nos interlocuteurs. L’impact en sera indéniable.
« Le Kiaï est un merveilleux outil de diffusion du Ki. Il m’est arrivé de l’utiliser dans des situations difficiles, fortuites et conflictuelles. J’ai pu éviter ainsi des situations potentiellement dangereuses ou non souhaitables en annihilant l’énergie négative de gens aux comportements malveillants.
Les résultats de telles manœuvres se sont avérés extraordinairement efficaces en prenant parfois les tournures les plus inattendues, quoique toujours positives pour le bien de la société. J’ai aussi utilisé le Kiaï pour aider d’autres personnes et moi-même dans divers contextes de la vie, pour développer une attitude positive, pour éviter des accidents et aussi pour soigner autrui ».
La méditation, la respiration avec Ki et l’expérimentation du Kiaï vivant sont à la fois des activités plaisantes et fascinantes. En appliquant consciemment les techniques apprises au Dojo dans la vie courante, en plus de vivre positivement et heureux, on arrive à les utiliser tout naturellement quand ça compte vraiment. Avec la volonté qu’il cultive par les pratiques liées au Ki, un pratiquant pourra ainsi appliquer le « Kiaï vivant » dans sa vie courante.
[1] Kiaï : (Jap.) Aussi Yagui, mot japonais signifiant joindre avec l’énergie. De « Ki », l’énergie, et de « Aï », contraction du verbe Awasu signifiant : unir. Il s’agit d’une extériorisation d’énergie audible de la volonté et de l’attitude d’un pratiquant dans l’action. Le Kiaï est un cri du ventre fusant du Kikaï-tanden (le centre).
Le Kiaï est l’art de concentrer et de déployer le Ki avec une détermination inébranlable. Le Kiaï est la version interne de son miroir dynamique qu’est l’Aïki, la version externe de l’extériorisation du potentiel de Ki. Les deux formes d’expression se complètent et sont indissociables dans la pratique des arts martiaux. Lorsque silencieux, le Kiaï s’appelle Kensei.
Synonyme : Chi-yi, Qi-i ou Fa-sheng en chinois, Het en vietnamien, Yatz ou Kihap en coréen. En tant qu’offensive, les effets du Kiaï sont légendaires. Ainsi Miyamoto Musashi aurait tué un scorpion en poussant un cri inaudible, faisant chuter l’animal mort devant son adversaire, lequel, impressionné, prit la fuite. Certains ont avancé qu’un son correctement produit pouvait provoquer la mise en résonance d’un corps, jusqu’à sa rupture, d’où la légende du « cri qui tue ».
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